Le père Noël n'est pas passé

Nous avions pourtant réveillonné à peu près comme d'habitude, certes sans foie gras ou autre venaison, mais avec une certaine ardeur, les petits plats dans les grands comme on dit.

Allez, je vous partage l'ambiance sur fond de musique, mettez la playlist Cozy Christmas jazz de Spotify pour une expérience augmentée de l'article. En entrée, un délicieux mariage d'une pièce de Burrata et ses tranches d'oranges sanguines accompagnées d'une sauce à base de coriandre à vous faire décoller les papilles. Plein d'allégresse et de curiosité, nous enchaînions avec un velouté tout à fait étonnant de châtaigne, poire et fourme d'Ambert.

Dressées collégialement, mais avec la plus grande délicatesse, les assiettes apportèrent une tarte prodigieuse, base de camembert garnie d'une marinade de figue, oignons, parmesan, tabasco... La bonté divine ? Pour les croyants, certainement, tout fonctionnait parfaitement, quoi d'autre sinon celle de la grâce de Noël ? Mais alors qu'on pense avoir atteint l'apogée du repas, le clou du spectacle arrive. Pour l'occasion et pour quelques heures, nous avions rallumé le congélateur. Elle était là, la reine du dîner, l'impératrice bien nommée "Omelette Norvégienne", confectionnée par Céline & Benoit, nos chers et fidèles boulangers-patissiers. Elle allait nous offrir la fraîcheur de la glace et l'onctuosité de la crème chaude.

Mama mia.

Repus et reconnaissant·e·s d'avoir été aussi gâtés gustativement parlant, chacune et chacun allait se coucher comme n'importe quelle veille de Noël en pensant au père Noël qui devait déjà être bien occupé là où commence sa tournée.

Au petit matin, les enfants se réveillèrent avec l'excitation des grands jours. Pour les adultes qui ont oublié la magie des matins de Noël, c'est comme quand vous vous réveillez le jour de départ d'un grand voyage. Ou alors le matin de votre mariage ? Vous vous en souvenez ? L'idée de l'imminence de la nouvelle expérience, la perspective de la découverte inédite, du saut dans l'inconnu qui génère cette bonne grosse dose d'hormone et qui vous fait sortir du lit comme si on avait dormi 12 heures (alors que l'excitation nous a tenu éveillé·e jusqu'à 3 h du matin). Mais là, c'est officiellement le matin, c'est l'heure. Plus touché·e·s par cette excitation de Noël, nous, adultes désenchanté·e·s par tant de Noël déjà vécus et probablement un peu aussi par le fait d'être passé·e·s de l'autre côté du miroir, dormions allègrement quand nos (nombreux) enfants débarquèrent dans notre lit avec la ferme intention d'interrompre cette situation d'attente interminable.

Après la traditionnelle photo dans l'escalier, on allait découvrir l'affaire avec stupéfaction : le père Noël n'était pas passé.‌


Rien. Pas un seul petit cadeau sous le sapin. Était-ce à cause du caractère original de notre nouveau sapin ? On l'avait fabriqué avec du matériel de récupération pour éviter de couper un arbre juste pour les fêtes :

Tannenbaum

Mais si nous avions découvert le sapin inchangé, avec étonnement et une certaine pointe de déception, nous savions que quelque chose s'était tout de même produit. Durant la nuit, notre salon avait été visité... complètement "réaménagé". Était-ce un coup des 2 petits lutins bien connus, Lionel et Jeannot qui faisaient des bêtises chez nous depuis déjà une petite semaine ?

Lionel & Jeannot au petit matin, figés dans une partie des aventuriers du rail.

La table du petit-déjeuner était recouverte d'un grand drap rose, la table du salon, recouverte d'un drap vert. Le canapé qui occupait auparavant l'espace central du salon s'était retrouvé sur le côté, comme plaqué contre le mur. Un tipi bien mystérieux semblait également cacher quelque chose. Les enfants, une fois la stupeur passée, se précipitèrent vers la table du petit-déjeuner où un message était affiché.

Le premier message : "Christmas Trip 2022 : US"

Le message annonçait : "2 JOURS DE FOLIE EN TRAIN À TRAVERS L'AMÉRIQUE. - C'EST PARTI AVEC UN BREAKFAST AU TOP"

Le drap soulevé, une véritable corne d'abondance se révéla sous nos yeux. Brioches de Noël, noix de Coco, bananes, fruits de la passion, mangues, pitayas, oranges, grenades, papaye, pots de pâte à tartiner, de miel, de confitures, céréales chocolatées et bols de laits chauds. Temps d'insouciance et d'opulence comme on en fait plus.

On profite de ce moment hors du temps pour déguster, goûter des fruits inconnus ou se rappeler du fabuleux goût de l'orange et de la texture de la banane. On redécouvre l'épaisse onctuosité du lait de vache et on essaye de profiter un peu de tout. Puis Kéo trouve, dans le bocal de céréales fourrées au chocolat, un billet de train pour LAS VEGAS, première destination d'un voyage qui s'annonce extraordinaire, exorbitant... américain. Un bruit de train à vapeur se fait entendre au loin et on l'entend se rapprocher. Avec un peu d'imagination, on jurerait que les murs tremblent. Merci le home cinéma. Le tipi s'ouvre magiquement et laisse apparaître ce qui semble être un plateau de jeu représentant la carte de l'Amérique du Nord.

On y comprend qu'il va falloir réaliser le premier itinéraire New-York = Las Vegas et pour ce faire, les enfants partent à la recherche des cartes disséminées dans toute la maison.

La collecte dure un certain temps car les règles sont strictes, pour réaliser l'itinéraire et faire partir le train vers la bonne destination, il faut rassembler une certaine configuration de cartes, de nombre et de couleurs différentes !

Une fois les différentes cartes réunies, le train part et en un éclair, nous voilà à Las Vegas. Elvis chante "Viva Las Vegas" et le drap vert, dans le salon disparaît au profit d'une table de casino avec une roulette. Tout ce petit monde s'installe et la distribution des jetons commence. Rien ne va plus.

Las Vegas baby !

Un premier temps de jeu avec la roulette fait découvrir aux enfants ce merveilleux bug de la dopamine, gâchette à plaisir, déclenchée par la seule perspective de provoquer sa chance. Aussi disponible sous la forme de Clash Royale, réseau social, de cartes Pokémon, Marvel, Star Wars ou encore du loto. Loto dont on a d'ailleurs fait une petite partie ! Le concept était simple : chacun·e a une grille de 60 chiffres, iel doit en choisir 10 puis on procède au tirage au sort. La première personne a avoir coché tous ses numéros gagne la gloire éternelle... et le ticket vers la destination suivante. Malgré un démarrage juste incroyable de la tata Solène qui en 6 tirages avait cumulé 5 nombres, la grande gagnante fut la petite Avril !

La destination suivante : El Paso ! Connaissant le concept, les enfants se remettent immédiatement en quête des cartes pour réaliser l'itinéraire ! Le train se met en route avec toujours autant de bruitages et laisse enfin la place à une musique mexicaine. On aperçoit dehors une véritable Piñata en forme de sapin qu'on appellera El Sapiñata !

El Sapiñata achevée par Vincent

Chaque enfant y passa, de la plus petite au plus grand, donnant son maximum pour venir à bout de l'attraction ! Mais, et c'est heureux, c'est uniquement le plus grand, Vincent, qui acheva El Sapiñata d'un seul, mais gros, coup de bâton ! Explosion de confettis & de bonbons pour le plus grand plaisir de toutes et tous. Et dans cette Sapiñata, une fois n'est pas coutume, un billet à destination de New York s'envola entre 1000 confettis !

De retour devant la carte de l’Amérique, la course aux cartes repris de plus belle et après un nouveau voyage, nous voilà de retour à New-York pour la confection et la dégustation pour le midi de véritables hot-dogs végé ! Création inédite de faucisses à base de champignon, haricots rouge et emmental : une réussite !

Hommage lors de l'hymne américain.

Au moment de se mettre à table, quand les hot-dogs étaient finalement dressés et que les bouteilles de Coca-Cola étaient décapsulées, l'hymne américain se mit à retentir ! L'occasion de rendre hommage à ce grand pays à la manière des américains, tout en retenue donc. Puis lors du repas, nous avons tous joué à un quiz nous interrogeant d'abord sur les différentes tours de New York, sur le nombre de morts lors de la construction de l'Empire State Building en 1929 par exemple, puis sur des questions d'histoire autour de la guerre de sécession ! En voici un repas instructif !

Une fois le repas fini, Tata Solène nous fit vivre une épopée en passant par Miami puis Salt-Lake City et nous fit récupérer 3 nouveaux animaux et personnages en bois, King Kong, Dony et le bébé Caïman beaucoup trop mignon !!

Dony, le gorille et le bébé cayman. Bientôt sur vos écrans Netflix.

Enfin, pour les petits : la sieste. Mais pas de répit pour les grands, direction Helena dans le Montana pour un concours de Cup cakes !

Pendant que chacun·e commence à esquisser les plans de sa composition, Solène prend les choses en main et sort les ingrédients nécessaires ! Œufs, farine, sucre, chocolat blanc et noir, smarties et bonbons, mascarpone.

Au bout de 2 heures, les cupcakes étaient prêts et nous allions pouvoir élire le meilleur cupcake. C'est Océane qui, avec un choix malin de faire un cup cake façon petit chaton a remporté avec facilité le concours.

Helena : Concours de cupcake

L’heure du goûter sonnant, l'heure n'est plus au vote. Rien de personnel mais désormais, ce qui doit l'être sera dévoré ! Sans aucune pitié. Le temps de recharger les batteries et l'appel du voyage se rappelle à nous ! Le train à vapeur débarque à nouveau et les enfants repartent à la recherche des cartes pour se rendre à San Francisco pour un concours de construction ! 3 équipes seront crées et la structure la plus cool sera récompensée !

San Francisco : Concours de constructions !

La muraille de Tim et Marion aura tapé dans l'œil des juges avec une utilisation astucieuse des animaux en bois dans la construction et dans l'histoire poétique que la structure nous racontait. Bravo à tous les artistes, de belles réalisations et de bons moments passés ensemble.

Vous l'aurez peut-être remarqué, ayant déclenché une petite migraine dans l'après-midi, vous ne me verrez pas sur ces photos. J'ai été un peu déçu de rater une partie de la journée mais on n'y peut rien, il faut accueillir la migraine quand elle frappe à la porte, même quand c'est Noël !

Cette petite péripétie médicale bouscula légèrement les plans et le reste de l'équipe changea de destination pour une petite pause à Orlando, Floride, pour voir Charlie et la chocolaterie !

Enfin, dès la fin de la projection et pour la dernière fois de la journée, chacun·e fut appelé·e à prendre le nouveau départ à destination de Little-Rock pour une expérience burger badass ! Frites maison premium gérées à la perfection par tonton Fred, pain à burger préparés par nos petits boulangers (vous vous souvenez comme l'omelette norvégienne et les pains à hot dog) et réutilisation des faucisses du midi dont on s'était un peu planté niveau quantité.

La journée s’achèvera et avec elle le dernier bout de salade qui s'arrachera à prix d'or. En effet, si les plus jeunes d'entre nous se seront accomodés de l'enchainement hot-dog / cup cake / burger 🤢, ce fut rude pour quelques estomacs inadaptés au continent américain. Je crois que certain·e aurait pu être violent·e devant un bol de soupe sauvage.

Mais il ne faut pas s'y tromper, ce dîner fut toute une expérience... à la douce lumière des bougies. Des souvenirs pleins la tête, la lumière des chandelles permis à toute la famille de prendre un petit temps de calme après cette folle journée. L'occasion de se dire de gentilles choses et de se remémorer les moments les plus marquants de la journée, les petits instants particuliers dont nous aurons plaisir à se rappeler, plus tard, quand les enfants seront grands et que nous serons vieux.

Au réveil, le lendemain matin, 3 autres itinéraires leurs furent offerts sans qu'ielles n'aient eu besoin de se mettre en quête de la moindre carte. Au programme de cette deuxième journée que je vous détaillerai un peu moins pour vous préserver, balade bucolique le long de la Sèvre pour se rendre à Clisson, notre ville, restaurant tous ensemble au Québreizh que je vous recommande si vous voulez manger une poutine dans le coin, séance cinéma et pour finir... soirée jeux vidéo jusqu'à 1h du matin pour les grands grâce à un ami qui nous prêta gentiment sa console !

Boom 💥 Best. F*ckin. Christmas. Ever.


Bref. Vous l'aurez compris, si je prends le temps de partager notre Noël avec vous aujourd'hui, c'est parce que je pense qu'on a réussi à vivre et à faire vivre à nos enfants un sacré Noël. Certaines choses peuvent paraître basiques et peuvent même nous faire penser à nos vieux qui nous disaient qu'à Noël, ils n'avaient qu'une orange. Je crois que si nos enfants ont su apprécier des petits plaisirs simples comme, en effet, une orange, une banane ou de la pâte à tartiner, c'est parce qu'ielles n'en ont pas l'habitude et que nous faisons preuve de pédagogie quotidienne pour leur expliquer nos choix. Ce n'est pas forcément simple tout le temps mais c'est à ça que servent les parents. Par contre, quand une fois l'an, on se l'autorise collégialement, alors là oui, une orange réapparaît comme un fruit totalement incroyable 😻.

Vous imaginez-vous un jour pouvoir vous défaire de cette injonction de faire un "cadeau" à vos proches pour leur apporter la preuve que ceux-là font partie des vôtres ? Car en effet le salut n'est pas que pour la planète, il est aussi pour nous, les mères et pères Noël dont on ne nous a jamais demandé notre avis et dont on a d'ailleurs jamais envisagé remettre en question les règles de la fête la plus douce de l'année. Quelques chiffres quand même pour attester et imager le propos :

300 millions de cadeaux offerts chaque année à Noël, en France . Mais 27% des Français déclarent avoir reçu des cadeaux qu’ils n’utilisent jamais. C’est 12 millions de cadeaux qui sont jugés inutiles chaque année , dont un peu moins d’un million qui passeraient directement à la poubelle. 20 000 tonnes de papier cadeau est consommé en France chaque Noël. Le sapin (6 millions chaque année) est responsable de 52% des émissions de gaz à effet de serre des décorations de Noël 🥳 Étude complète - Ademe

Il y'a encore quelques années, lorsque nous étions encore dans la phase de déni, nous passions de belles fêtes. Noël et en particulier la recherche de cadeaux n'était pas non plus un calvaire, plus un passage obligé. Selon le caractère, ça pouvait même faire plaisir, trouver le petit cadeau qui va faire mouche, chiner la petite théière pour Nadège, offrir ce petit livre magnifique sur les abeilles à Nicolas, acheter un sceau de bière au copain à la réputation pocharde.

Mais, je vous propose quelque chose : chinez-donc cette théière, achetez ce livre magnifique apicole et même ce sceau d'alcool et offrez-les quand vous en avez envie à qui vous en avez envie. Vous n'êtes pas des moutons. Refusez les débilités quand elles se présentent à vous. Refusez de manger des crevettes à Noël et mangez-en quand vous en avez envie, mais modérément tout de même. Je rappelle que Noël, c'est quand même une règle écrite nulle part où clairement guidé par les films américains et le monde du marketing plus généralement a dit : "Hey venez, ce jour-là, on va tous et toutes acheter des trucs pour les autres et manger, au même moment, les mêmes ressources ! Ça va être génial !" : fruits de mer, dinde, clémentines, figues fraîches (what ? c'est juste pas la saison mais genre pas du tout) et autres mets certes délicieux mais totalement insoutenable car, par exemple pour les crevettes et certains poissons star des repas des fêtes, la plupart viennent d'équateur ou de Madagascar pour étancher la gourmandise de notre occidentalité.

Et pour le foie gras, nul besoin de vous faire un dessin j'imagine, ce n'est pas une histoire de conservation ou d'origine des aliments mais tout le monde le sait déjà et tout le monde s'en fout (découvrez cette super vidéo qui montre les formidables traditions d'élevage des oies, nos régions ont du talent n'est-ce pas ? Ce qui se passe à la 4ème minute va vous étonner !).

Mon vœu avec cet article est plutôt simple à exaucer : vous qui m'avez lu jusqu'à la fin, dites-moi ce que vous pensez de tout ça, ça fait sens pour vous de réinventer Noël, quels sont vos freins, qu'avez-vous réussi à faire ?